Shigofumi ~ Letters from the Departed - Premier coup d'oeil

Publié le par Gen'Seirin' Kokoro

    Les sorties de ce début d'année nous réservent encore des surprises, mais certaines d'entre elles font déjà largement parler d'elles, d'autant plus que leur diffusion est presque terminée au Japon. C'est  bien sûr le cas de Shigofumi, une série qu'on voyait venir au tournant mais qui s'est révélée être plutôt surprenante. Attention, cet article contiendra quelques révélations importantes à propos de la série et de son ambiance, je vous conseille d'arrêt là la lecture et de vous lancer dans le visionnage du premier épisode si vous ne voulez pas manquer le choc de votre vie et découvrir plus intensément l'ambiance de la série! (bon d'accord, j'en fais peut-être un peu trop :p)



   


Vous tenez à continuer la lecture ? Très bien, juste pour vous je vais quand même tenter d'en cacher le plus possible pour ne pas gâcher la portée émotionnelle puissante du début de cette série. Mais avant tout, une question se pose : qu'est-ce qu'une Shigofumi ?

"Shigofumi. Une lettre venant du monde de l'après-mort. Lors de la mort d'une personne, la force et la pureté de ses derniers sentiments autorise l'envoi d'une ultime missive à un être qu'elle aura choisi. Cette dernière peut la refuser, mais qu'elle la lise ou qu'elle l'ignore le message qu'elle contient changera le cours de sa vie. Les Shigofumi contiennent les sentiments les plus purs et les plus sincères qu'il existe en ce monde, ces dernières sont livrées par des messagers de l'autre monde, qui ont pour simple objectif de faire arriver la lettre à leur destinataire sans interférer dans le déroulement des choses. Fumika est l'un d'entre eux, c'est accompagnée du bâton espiègle Kanaka que nous l'accompagnerons au cours de ses livraisons, et qu'elle nous livrera les témoignages des sentiments les plus sincères et honnêtes qui soient. Et peut-être en apprendrons-nous davantage sur le passé de cette jeune fille, mélancolique messager de l'au-delà."


   


Vous aussi, je vous vois venir au tournant. Vous aller vous tourner vers moi, dubitatifs, pointer du doigt une jeune fille aux longs cheveux argentés et hurler sauvagement en m'arrosant le visage : "Shinigami no Ballad !". Je prend un mouchoir, je m'essuie le visage, et je vous répond : "oui, c'est aussi ce que j'ai cru au début". L'histoire d'un ange envoyé par l'au-delà/le ciel/les enfers (barrez les mauvaises réponses) qui vient à la rencontre de personnes confrontées à leur propre mort ou à celle d'un de leurs proches pour panser les blessures et repartir dans un courant d'air tout juste bon à soulever quelques plumes. Le genre d'histoire très agréable mais qui agit sur vous comme un somnifère, le genre de série où vous dormez pendant une demi-heure au bout de laquelle vous vous réveillez avec azerty gravé sur le front. Oui, car Shinigami no Ballad a beau être une très belle série, elle n'en reste pas moins la plus ennuyeuse des séries animées qui puisse exister. Six épisodes interminables ou il ne se passe pas grand chose emplis d'une tristesse qui a du mal à atteindre le coeur au delà du premier épisode. Six épisodes seulement, "Heureusement" me direz-vous, avec une durée de seulement douze épisodes nous aurions pu faire de longues siestes devant la série la plus longue qui puisse exister, aussi charismatique soient la déesse de la mort et son chat ailé. Mais Shigofumi n'est pas Shinigami no Ballad. Alors qu'on croit avoir cerné l'esprit de la série, de jolies histoires gentillettes qui ont un bon fond mais une surface un peu plate à la sauce Shinigami no Ballad, on déchante vite. La fin du premier épisode en aura marqué plus d'un, au point qu'on hésite à lancer le second tant la surprise est grande et troublante. Parce que ces petites histoires gentillettes et plates, il suffit d'y ajouter un peu de poivre et d'épices, un peu de sentiments humains durs et réalistes, pour qu'elles se transforment en contes modernes tragiques à l'intensité touchante, parfois même bouleversante. Shigofumi reprend la recette de Shinigami no Ballad en l'améliorant, rendant ses plats succulents et goûtus du début à la fin, laissant même parfois un arrière-goût d'amertume à la fin de l'épisode. C'est avec plaisir qu'on savoure et qu'on se replonge dans des histoires mêlant bonheur, haine et incompréhension, et tout du long on ne peut s'empêcher de frémir face aux sentiments sincères des personnages que nous rencontrons, face à leurs bonheurs artificiels qui s'écroulent ou à leur paix qui se construit. Au travers des yeux de cette messagère mélancolique, Shigofumi nous montre à la fois le meilleur et le pire de l'être humain, la plupart du temps un mélange réaliste et contrasté des deux, et il ne me vient qu'une seule chose à l'esprit "Mon dieu ce que c'est bon".


   


Au bout de quatre épisodes, les différentes histoires (ayant toutes en commun Fumika, qui apporte les Shigofumi je le rappelle) se posent déjà comme étant très différentes mais toujours subtilement liées, que ce soit au niveau de l'intensité dramatique, du romantisme ou des évènements qui s'y déroulent. Les deux premiers épisodes, regroupant une seule histoire, se veulent par exemple beaucoup plus marquant que ne le sont les deux suivants, notamment le quatrième avec sa lettre d'une mère à sa fille abandonnée sur fond de romance entre jeunes femmes et de matchs de tennis. Cette dernière histoire est pourtant, au final, tout aussi évocatrice et touchante que l'est la première, tout comme le troisième épisode marque par l'égarement qu'il met en scène face au suicide. Shigofumi aborde bien souvent des sujets délicats mais ne se veut pas dénonciateur, la série se place plutôt comme le plancher qui soutiens une pièce de théâtre, montrant les choses les plus déroutantes sans jamais les juger. Ce point de vue l'a d'ailleurs déjà poussé à faire des concessions, comme lors du troisième épisode ou l'on assiste à une prise d'otages dans une salle de classe. Lorsqu'on se mouille, il arrive malheureusement qu'on prenne froid, la série prend aussi des précautions pour éviter les scandales, évitant d'obliger les gens à pointer encore une fois l'animation du doigt, souvent à mauvais escient d'ailleurs (les coups de machettes ont fait parler d'eux dans l'actualité depuis Higurashi no Naku koro ni ou School Days et sa césarienne à domicile). Derrière ces histoires individuelles, plusieurs indices nous mènent doucement vers le passé de Fumika, tout porte à croire que celui-ci sera révélé à nos yeux comme l'apothéose de cette série.




Ce flot de sentiments est aussi mis en avantage par la mise en scène honnête et le chara-design plus que sincère, assez explicite et évocateur pour passer d'un visage heureux riant à gorge déployée à une expression de haine rageuse presque jouissive (voir fin du premier épisode et début du second). Les décors et les personnages révèlent étonnamment des couleurs vives et expressives, tout porte presque à la caricature pour mieux transmettre l'émotion de les sentiments des personnages. Les musiques sont aussi très agréables même si elles ont déjà tendance à devenir répétitives, beaucoup de thèmes semblent être fait pour convenir à des situations précises, comme l'apparition de Fumika ou le questionnement du destinataire face à la dite lettre venant de l'après-vie. On peut tout de même noter que l'OST contient dores et déjà quelques morceaux sublimes, un seul en fait, qui laissent présager des scènes bouleversantes pour la suite de la série, certainement de quoi faire verser quelques larmes aux plus sensibles d'entre nous. Précisons que l'opening est d'Ali Project, on retrouve donc leur style musical très spécial et toujours un peu similaire, l'opening n'est pas mauvais mais contraste un peu avec l'intensité un peu moins forte de la série. Je reste persuadé que le groupe Ali Project est fait pour chanter les génériques des séries Rozen Maiden, et j'ajouterai presque qu'il n'est doué que pour ça, c'est la seule série qui correspond tout à fait à leur style musical à mon humble avis, d'autant plus que le groupe a toujours fait un excellent travail dessus (ah l'opening de Traümend....). L'ending est beaucoup plus agréable à écouter même s'il est plus classique, il est déjà plus enchanteur. On regrettera que la série n'aie pas trouvé de générique à sa hauteur, l'un comme l'autre étant un peu faiblards ou décalés par rapport à l'esprit et à l'ambiance de la série en elle-même.


   


Shigofumi est donc l'une des surprises de ce début d'année et s'est révélée être bien plus intéressante qu'elle n'y paraît au premier abord, dépassant déjà le niveau d'une série moyenne sans pour autant atteindre l'excellence, principalement à cause de la répétitivité de la mise en scène et des musiques et aux histoires très inégales allant du très bon au moins, en passant par la case départ en en touchant deux-cent euros avec les salutations du banquier. On pourrait presque reprocher à la série de ne pas en faire assez, si bien qu'il faut voir certains épisodes plusieurs fois avant d'y accrocher et de les apprécier à leur juste valeur. Ce qui est certain et impayable, c'est que Shigofumi est une série agréable à suivre, qui nous laisse l'espoir d'y trouver à chaque histoire quelque chose de supplémentaire par rapport à la précédente, c'est une série que je suivrai en ayant la certitude que le meilleur reste à venir !



   




Je vous conseille de jeter un oeil au second AMV dans l'article de Shigofumi dans la section médiathèque, intitulé Lost Life (musique Shattered du groupe américain Trading Yesterday), il est absolument superbe et met très bien en avant l'émotion de la série, à voir à tout prix ! :)

Publié dans Japanimation

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